Cinq tableaux qui définissent Van Gogh

Vincent van Gogh est facile à idéaliser. L'oreille coupée, l'asile, les tournesols éclatants. Mais sous cette mythologie se cache un peintre extraordinairement réfléchi. Il ne s'est pas contenté de transposer ses émotions dans la couleur. Il les a composées. Il les a orchestrées. Et il a compris que la beauté se trouve souvent au bord de l'effondrement.

Ces cinq tableaux ne sont pas seulement les plus célèbres. Ils sont aussi les plus révélateurs. Chacun ouvre une fenêtre différente sur la clarté agitée de son esprit.


1. La Nuit étoilée (1889)


Emplacement : Musée d'art moderne de New York

Ce n'est pas un tableau paisible. C'est devenu un cliché, une affiche de chambre pour les rêveurs ou les déprimés. Mais il mérite mieux. Van Gogh l'a peint dans un asile, inventant la majeure partie du paysage de mémoire. Le ciel bouillonne. Les cyprès s'embrasent. La ville est immobile, mais le ciel est électrique. Il ne s'agit pas d'émerveillement. Il s'agit de tension. Ce n'est pas une célébration de la nuit. C'est une confrontation avec elle.


2. Tournesols (1888–1889)


Localisation : Différentes versions à Londres, Amsterdam, Munich

Ce ne sont pas des fleurs joyeuses. Elles fanent. Elles sèchent. Certaines sont presque mortes. Mais la peinture est intense. Le coup de pinceau est implacable. Van Gogh ne craignait pas la décomposition. Il la peignait avec admiration. Ces tournesols étaient destinés à décorer la chambre de Gauguin, pour accueillir un ami. Le geste est tendre. Le résultat est presque violent. Même dans sa générosité, Van Gogh était intransigeant.


3. Champ de blé aux corbeaux (1890)


Emplacement : Musée Van Gogh, Amsterdam

On aime dire que c'est son dernier tableau. Ce n'était probablement pas le cas. Mais on y sent une fin. Le ciel est oppressant. Les oiseaux s'éparpillent. La route ne mène nulle part. Et pourtant, la composition est équilibrée. Le choix des couleurs est sobre. Ce n'est pas l'œuvre de quelqu'un qui perd le contrôle. C'est celle de quelqu'un pleinement conscient de la tempête intérieure et suffisamment habile pour la maîtriser.


4. Chambre à Arles (1888)

Emplacement : Musée Van Gogh, Amsterdam

Tout penche. Le lit, les chaises, les murs. Les couleurs sont claires, presque douces. Mais la scène n'est pas accueillante. La pièce paraît trop étroite. Les meubles trop rigides. Van Gogh la qualifiait de reposante. Mais il n'y a rien de reposant ici. C'est une solitude agencée avec précision. Un intérieur domestique où même le calme est source d'anxiété.


5. Autoportrait à l'oreille bandée (1889)


Lieu : The Courtauld Gallery, Londres

Il est habillé pour le froid. Il est légèrement détourné. Son visage est pâle, inexpressif. Derrière lui, une estampe japonaise est accrochée au mur, comme pour lui offrir une échappatoire. Mais ses yeux nous regardent droit dans les yeux. Sans imploration. Sans explication. Juste présents. Les coups de pinceau sont épais. Le silence est pesant. Il n'y a pas de drame dans ce portrait. Que de l'endurance.


Chacune de ces toiles montre un homme au bord du gouffre. La maladie, la vision, l'isolement, l'éclat. Mais ce qui les rend durables, ce n'est pas la souffrance qui les sous-tend. C'est la clarté avec laquelle elles ont été réalisées. Van Gogh ne souffrait pas seulement. Il était expressif dans sa peinture. Et il l'utilisait non pas pour fuir le monde, mais pour le maintenir immobile, juste assez longtemps pour être vu.

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